"L'Histoire de l'érotisme" : l'homme, cet animal qui a réussi à se nier
Georges Bataille avait un grand projet : élaborer, à partir d'une critique de l'utile, une économie générale qui désaliène l'homme rivé au travail et restitue sa "part maudite" - la consumation, libre, gratuite. Il fait l'hypothèse d'un temps originaire où le monde se serait donné à l'homme dans un pur rapport d'immanence et d'immédiateté. Le monde était alors l'intime de l'homme, il était excès, il était passion : "Le monde intime s'oppose au monde réel comme la démesure à la mesure, la folie à la raison, l'ivresse à la lucidité". L'érotisme enfièvre, dépense, gaspille. Puisque sur lui seul l'avenir n'a pas de prise, il est "la voie la plus puissante pour entrer dans l'instant". Extrait de "L’Histoire de l’érotisme" de Georges Bataille aux Editions Gallimard, 1976 (1/2).